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vendredi 26 mars 2010
Mardi 23 Mars 2010 DANIEL GARRIGUE est interviewé par le JOURNAL SUD-OUEST Après les mauvais résultats de la droite le député villepiniste (ex-UMP) du Bergeracois dresse un état des lieux sans concessions
« Il faut une profonde remise en question »
Daniel Garrigue attend « avec impatience l'initiative politique de Dominique de Villepin ». (Arch. É.D.)
« Sud Ouest ». 23 Mars 2010
Que vous inspirent les résultats de l'UMP aux élections régionales ?
Daniel Garrigue. La politique nationale, menée par une droite qui a complètement glissé vers une idéologie néoconservatrice et néolibérale, passe très mal. C'est particulièrement vrai dans le Grand Sud-Ouest, où il y a une tradition gaulliste sociale et républicaine héritée de Jacques Chaban-Delmas ou de Jacques Chirac. On a rompu avec tout cela et les électeurs sont désarçonnés par cette évolution, comme le montre le taux d'abstention.
La droite peut-elle renouer avec le succès ?
Commençons déjà par relativiser celui de la gauche, compte tenu de la faiblesse de la participation. Pour ce qui est de l'actuelle majorité, je crois peu à des changements de politique. Il y a, au contraire, une volonté affichée d'aller toujours plus vite, dans une sorte de fuite en avant. On nous annonce sans arrêt des réformes, que ce soit la loi Hadopi, la taxe professionnelle, la taxe carbone ou la refonte des collectivités territoriales, sans savoir ce qu'on va mettre dedans.
Quelle alternative proposez-vous ?
Il faut avoir le courage de revenir aux fondamentaux comme l'emploi, la maîtrise des déficits ou la solidarité. Or, on fait tout le contraire. La question est celle de l'état d'esprit dans lequel on aborde les réformes. On ne peut plus les faire d'en haut, mais dans le dialogue et la contractualisation. Les Français ne sont pas hostiles aux réformes, mais il faut qu'elles soient concertées, dans un langage de vérité. Au lieu de cela, le président de la République est devenu un communicant permanent, sans cesse en train de surfer sur l'actualité. On ne peut pas convaincre quand on est aussi décalé de la réalité. C'est aussi pour cela que j'attends avec impatience l'initiative politique que Dominique de Villepin va annoncer jeudi.
La création de ce nouveau parti n'est-elle pas avant tout un règlement de comptes avec Nicolas Sarkozy ?
Le naufrage se déroule de toute façon sous nos yeux. Il faut changer de présidence de la République. Il ne s'agit pas, comme on l'entend, de « tout sauf Sarkozy ». Même si elle existe, ce n'est pas une question de rivalité de personnes. Il y a en réalité une manière profondément différente d'aborder les problèmes. Les gens, par exemple, sont très sensibles aux symboles de l'injustice, comme le bouclier fiscal ou les hautes rémunérations dans la finance. Les politiques ont trop abdiqué face à l'économique. Il faut une profonde remise en question. On peut demander des efforts aux Français, mais seulement s'ils sont partagés.
Ne vous sentez-vous pas plus proche de la gauche que de la droite, finalement ?
Déjà, faudrait-il savoir ce que la gauche propose ! Moi, je suis gaulliste. Pour moi, le gaullisme, ce n'est pas être de droite ou de gauche. C'est une volonté de prendre les problèmes à bras-le-corps, c'est vouloir le rassemblement dans l'intérêt du pays. C'est bien le problème de cette majorité.
Nicolas Sarkozy a-t-il eu tort de pratiquer l'ouverture à gauche ?
Pour paraphraser Lionel Jospin, je dirais qu'on ne fait pas de politique en collectionnant des scalps, qu'ils soient de gauche ou de droite comme dans le cas de Philippe de Villiers. Il ne suffit pas non plus d'un Grenelle de l'environnement pour capter les voix écologistes. Les électeurs, s'ils ne sont pas d'accord avec les autres options économiques et sociales, ne votent pas pour vous. C'est une question de cohérence globale.
Que pensez-vous du départ de Xavier Darcos du gouvernement ?
Alors là, c'est vraiment un épiphénomène !
Auteur : Propos recueillis par Jérôme Glaize
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DANIEL GARRIGUE