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mercredi 09 février 2011
9 février 2011 Bioéthique : Daniel GARRIGUE défend l'idée d'un registre positif pour les dons d'organes.
Article 5
[…]
M. le président. La parole est à M. Daniel Garrigue.
M.
Daniel Garrigue. L’article 5 relatif aux dons croisés d’organes
entre personnes vivantes est une réelle avancée. Notre discussion
anticipe le débat, qui viendra ultérieurement, sur les prélèvements
d’organes sur les personnes décédées.
Concernant le consentement, nous avions, avec la loi Caillavet, pris
quelques longueurs d’avance en instaurant la règle du consentement
présumé. Par la suite, nous avons alourdi cette législation…
M.
Xavier Bertrand, ministre. Oui.
M. Daniel Garrigue.
…avec le registre des refus – qu’il ne me semble pas pour autant devoir
être remis en question – et avec le recueil auprès des proches
d’informations sur la volonté du défunt. Étant donné l’émotion qui
accompagne un décès, cette consultation équivaut, dans les faits, à
s’enquérir de la position des proches et non de celle du défunt.
Nous
sommes un certain nombre à nous interroger sur ce pourcentage important
de refus, alors que le besoin de greffons ne cesse de progresser. Afin
de le faire baisser, nous avons proposé la création d’un registre
positif, permettant à ceux qui veulent clairement affirmer leur volonté
de donner leurs organes de le faire. On nous a fait valoir que les pays
qui ont instauré un tel registre connaissent une proportion de refus
tout aussi importante. Ce n’est pas tout à fait la vérité. À partir du
moment où l’on donne à ceux qui refusent la possibilité de s’exprimer
officiellement, il n’y a pas de raison que l’on n’accorde pas cette
faculté à ceux qui veulent prendre position dans un sens positif. Dès
lors qu’il y aurait deux registres, on réduirait l’incertitude.
M.
Jean Dionis du Séjour. Très bien !
M. Daniel
Garrigue. Dans les pays que l’on cite en exemple, il n’existe que le
registre positif. Instaurer un tel registre permettrait de réduire
l’incertitude et d’augmenter le nombre de greffes.
[…]
M.
le président. La parole est à M. le ministre.
M.
Xavier Bertrand, ministre. Quel constat pouvons-nous dresser ? Les
chiffres sont implacables et montrent que trop de personnes décèdent par
manque de greffes.
Face à cette situation, devons-nous élargir
les possibilités de dons ? Il faut faire très attention à nos choix.
S’agissant des dons d’organes, il n’y a pas mieux que la loi Caillavet.
Aux termes de l’article 2 de la loi Caillavet, « des prélèvements
peuvent être effectués à des fins thérapeutiques ou scientifiques sur le
cadavre d’une personne n’ayant pas fait connaître de son vivant son
refus d’un tel prélèvement. » C’était simple, très simple. […] Mais,
depuis 2004, il est précisé en outre que « le prélèvement peut être
pratiqué dès lors que la personne n’a pas fait connaître de son vivant
son refus d’un tel prélèvement. Ce refus peut être exprimé par tout
moyen, notamment par l’inscription sur un registre national automatisé
prévu à cet effet. Il est révocable à tout moment. Si le médecin n’a pas
directement connaissance de la volonté du défunt, il doit s’efforcer de
recueillir auprès des proches l’opposition au don d’organes
éventuellement exprimée de son vivant par le défunt, par tout moyen, et
il les informe de la finalité des prélèvements envisagés ». […] Sur le
fond, rien n’a changé, mais, d’une certaine façon, on a reconnu à la
famille un droit d’opposition qui, sans se substituer à la volonté du
défunt, a pris davantage de place. Il ne faut donc pas s’étonner que les
soignants, en cas d’accident, posent la question à la famille. Or, après
le choc de la disparition d’un proche, il est parfois difficile de se
rappeler ce que le défunt a dit ou n’a pas dit. L’émotion étant trop
grande dans de tels moments, les proches répondent qu’ils ne savent pas.
Il n’y aura donc ni prélèvement ni greffe. Faudrait-il revenir au texte
initial ? Je ne suis pas certain que nous puissions en décider ce soir,
mais la question doit être posée.
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DANIEL GARRIGUE