« DANIEL GARRIGUE DEMANDE UNE DEUXIEME LECTURE DE LA LOI HOPITAL PATIENTS SANTE TERRITOIRE | Accueil | LGV : COMMUNIQUE DE PRESSE »

mercredi 03 juin 2009

NE NOUS LAISSONS PLUS VOLER L'EUROPE !

Les Français sont aujourd'hui malheureux avec l'Europe. Parce qu'ils la jugent trop technocratique. Parce qu'ils pensent que l'élargissement à 27 l'aurait condamnée à l'impuissance. Parce qu'ils l'estiment incapable d'agir face à la mondialisation.

Cette vision ne correspond pas tout-à-fait à la réalité. L'Europe devrait, en principe, être complètement politique. Le Conseil européen et les conseils des ministres, qui représentent les États membres et les gouvernements nationaux, y jouent aujourd'hui un rôle moteur. La Commission européenne n'est pas composée uniquement de « super-fonctionnaires » comme on l'entend dire parfois, mais d'anciens Premiers Ministres ou d'anciens ministres nationaux. Le Parlement européen est, lui-même, le fruit d'élections tout-à-fait politiques.

L'Europe à 27 était incontournable, sauf à vouloir élever un nouveau mur, vingt ans après la chute du mur de Berlin. A 27, elle ne connait pas plus de crises qu'elle n'en connaissait régulièrement, à 6, à 9 ou à 12 –souvenons-nous, entre autres, du plan Hallstein ou des difficultés de l’adhésion britannique. Simplement, son fonctionnement est devenu plus complexe et elle avance, aujourd'hui, sur un front de compétences beaucoup plus large.

L'Europe n'est pas totalement dépourvue de moyens d'agir. Certes, son budget, beaucoup trop faible, ne représente qu'1% du PIB de l'Union européenne, mais elle légifère largement, elle s'affirme de manière croissante sur la scène internationale et constitue une vraie puissance normative. Enfin, elle dispose d'outils efficaces connus –c’est le cas de l’euro ou encore des fonds structurels- ou moins connus -comme la Banque Européenne d'Investissement (BEI), qui s’affirme aujourd’hui face à la crise économique.

Le vrai problème est ailleurs et il réside paradoxalement dans l'absence de politisation et de personnalisation des enjeux européens.

Les conditions en sont pourtant partiellement réunies. La responsabilité de la Commission et de son Président devant le Parlement européen – qui n'est pas théorique, on se souvient de la démission de la Commission Santer en 1999 – fait que d'ores et déjà, le choix du Président de la Commission européenne par le Conseil devrait se faire en fonction des résultats aux élections européennes. Il serait donc logique que soient en lice plusieurs candidats potentiels incarnant les différentes conceptions de la construction européenne, et surtout les deux principales : la conception libérale et atlantiste aujourd'hui dominante, la conception volontariste, sociale et soucieuse d'indépendance qui représente en fait la seule véritable alternative.

Or les prises de position des états-majors politiques aussi bien d'une partie du Parti Socialiste Européen (PSE) que du Parti Populaire Européen (PPE) en faveur de M. Barroso, ont d'entrée fermé le débat et conduit les listes en campagne à se replier sur les prés carrés nationaux.

Cette situation a des conséquences graves.

Elle ne permet pas la recomposition politique qui permettrait de débattre réellement de l'avenir de l'Europe. La vérité est que le clivage PPE / PSE ne correspond plus à aucune réalité politique, mais que beaucoup ont peur que sa remise en cause ait des conséquences non seulement européennes mais aussi nationales.

Elle ne permet pas de choisir un président de la Commission européenne capable de porter un projet, d'affirmer plus de détermination et de rétablir la cohésion d’une Commission dont les membres ont aujourd'hui de plus en plus tendance à jouer cavalier seul.

Elle retarde l'implication nécessaire des Parlements nationaux dans la construction européenne. Placés en situation de médiateurs entre l'Europe et les opinions publiques, ces Parlements devraient à la fois s'investir davantage dans l'élaboration de la législation européenne et se voir reconnaître une forme de représentation permanente auprès des institutions européennes. Lorsque des questions européennes sont en jeu, il devrait être logique pour un citoyen de s'adresser à ses parlementaires nationaux autant qu'à ses parlementaires européens.

Il serait absurde et dramatique que ces insuffisances détournent les électeurs de participer aux élections européennes du 7 juin. Les enjeux sont trop grands. La ratification attendue du traité de Lisbonne permettra de mieux afficher les enjeux en personnalisant la présidence du Conseil européen et en donnant davantage de lisibilité à la procédure de choix du Président de la Commission.

Mais ne nous laissons plus voler l'Europe. Exigeons qu'elle soit enfin vraiment politique.

Daniel GARRIGUE,
Député non inscrit de la Dordogne et président des « Français pour l'Europe ».

Posté par Webmestre à 10:48 PM
Categories: Actualités, Europe et international, France