« A L’ATTENTION DES RESPONSABLES ET MILITANTS DE REPUBLIQUE SOLIDAIRE | Accueil | mardi 10 mai : Daniel GARRIGUE interroge Alain JUPPÉ, Ministre des Affaires étrangères et européennes sur le processus de paix au Proche-Orient. »

lundi 09 mai 2011

REPLACER L’EUROPE AU CŒUR DU DEBAT

Rarement, la journée de l’Europe sera passée aussi inaperçue. Le silence presque général des médias nationaux est, à cet égard, affligeant.

Beaucoup disent que la crise est la cause essentielle de cette désaffection. Mais, en d’autres temps, c’est précisément la crise qui aurait été le catalyseur de la construction européenne.

Les causes sont ailleurs et elles sont d’abord politiques.

D’abord, parce qu’une large majorité de dirigeants européens sont imprégnés d’une idéologie libérale qui les conduit sans cesse à minimiser le rôle de l’Europe. Pas question d’accroître un budget européen qui stagne dangereusement à à peine plus d’1 % du PIB de l’Union. Pas question de donner à l’Europe les outils nécessaires pour emprunter et pour lancer une politique de grands investissements transnationaux. Un effort de régulation qui reste des plus modestes, malgré les positions affirmées au G20. Même l’ambition de renforcer le marché unique, qui elle, devrait pourtant les mobiliser, se heurte au manque de conviction des actuels dirigeants –notamment, en matière d’harmonisation fiscale.

Mais aussi parce que ces mêmes dirigeants sont avant tout des communicants, plus attentifs à réagir aux mouvements d’opinion de leur pré carré national que décidés à engager des actions durables et profondes, exigeant un minimum de culture historique et politique. Le Traité de Lisbonne a certes donné au Parlement européen des pouvoirs nouveaux qui s’exprimeront avec le temps, mais les espoirs qu’il ouvrait ont été trahis par la reconduction de M. Barroso, exécuteur docile du concert des chefs d’Etat ou de gouvernement.

M. Sarkozy est parfaitement représentatif de cette génération. Si les circonstances ont fait momentanément de lui la figure de proue de l’Europe lors de la crise financière, l’échec de ses ambitions à l’Eurogroupe lui a fait presque aussitôt tourner le dos à l’Europe. Ses liens avec le monde économique et financier ont fait de lui plus un imprécateur qu’un réel acteur face aux impératifs de régulation financière. Son acharnement à vouloir récupérer les réflexes populistes –et au-delà l’électorat du Front national- l’a systématiquement conduit sur les positions les plus repliées de l’euroscepticisme –contre la Turquie, contre les Roms, contre Schengen. Son seul grand projet, l’Union pour la Méditerranée, s’est largement bâti contre lui et se défait aujourd’hui sans lui.

Pourtant, l’Europe est plus que jamais d’actualité.

Parce que face au basculement du monde vers l’Asie, elle est le seul cadre suffisamment vaste et puissant pour nous permettre de résister et de reconstruire.

Parce que face aux désordres de l’économie et de la finance mondiale, elle devrait être au premier rang pour proposer des réponses communes et dialoguer avec les autres puissances.

Parce que son Histoire et sa capacité à élargir le nombre des interlocuteurs devrait faire d’elle un acteur privilégié dans la solution des crises internationales.

Mais il faut pour cela que, à l’occasion des échéances à venir, notamment les prochaines présidentielles françaises, les candidats aient le courage de replacer l’enjeu de la construction européenne au cœur du débat et de retrouver la voie de propositions ambitieuses et constructives. Ce sera un critère décisif à l’heure des choix.

Daniel Garrigue, Député non inscrit de la Dordogne.