« Les voix gaullistes n'appartiennent à personne | Accueil | EXPLICATION DE VOTE : PROLONGATION DE L’INTERVENTION DES FORCES ARMEES EN LYBIE »

jeudi 28 juillet 2011

REMARQUES SUR LA CRISE DE LA DETTE GRECQUE

L’accord intervenu sur la dette grecque me paraît appeler trois remarques :

1) – D’abord, on ne peut pas gérer cette dette selon des moyens classiques.

La Grèce a bien sûr une responsabilité considérable dans l’extrême dégradation de sa situation financière. Mais l’Union européenne qui, pendant trop longtemps, n’a pas été capable de se donner le cadre nécessaire à la gestion concertée de l’euro n’est pas, elle non plus, exempte de reproche.

Aujourd’hui, s’il est légitime de demander des efforts à la Grèce, ceux-ci doivent rester compatibles avec les capacités de ce pays.

L’idée d’une certaine restructuration de la dette grecque –que j’avais évoquée le 15 juin dernier en commission des Affaires européennes sans obtenir de réponse de Laurent Wauquiez- fait son chemin. La crainte des conséquences d’un « défaut » grec est-elle vraiment sérieuse quand on sait pertinemment qui sont les détenteurs de la dette grecque, pour l’essentiel des établissements bancaires et financiers européens ? Ces établissements qui ont largement bénéficié des soutiens publics au plus fort de la crise de 2008 ne peuvent-ils pas être plus directement associés aux efforts aujourd’hui incontournables ?

2) – La solidarité européenne doit être affirmée avec force.

Certes, les sommets de crise des dirigeants européens débouchent sur des accords successifs. Mais ces accords donnent trop le sentiment d’être subis et de ne pas exprimer une démarche commune et déterminée des Européens. Il serait pourtant important que des procédures parfaitement lisibles de mutualisation des emprunts –du type euro-obligations- et qu’un renforcement du cadre esquissé par la mise en œuvre du « semestre européen » manifestent plus fortement la volonté partagée des Etats de la zone euro.

3) – Il faut se donner les moyens de combattre la spéculation :

Les ambitions régulatrices affirmées lors des sommets du G20 n’ont pas été suivies de mesures suffisamment fortes.

C’est vrai notamment au sein de l’Union européenne. Les autorités de contrôle mises en place restent pour l’essentiel des instances de coordination des différentes autorités nationales. La directive sur les fonds alternatifs résulte autant des thèses anglo-saxonnes, qui privilégient les garanties offertes par les opérateurs, que de la volonté continentale d’un véritable contrôle des structures et des fonds. La capacité de maîtriser les produits dérivés et les accords de gré à gré entre établissements, aujourd’hui totalement occultes, dépend de la révision de la directive MIFID (marchés d’instruments financiers) qui aboutira, au mieux, en 2013, et de la mise en place d’outils de traçabilité tels que la taxe sur les transactions financières ou les chambres de compensation –qui existent, aujourd’hui, aux Etats-Unis.

Enfin, on ne peut manquer de s’interroger sur les modalités d’intervention des agences de notation, qui procèdent totalement des conceptions anglo-saxonnes, et sur l’indépendance réelle de ces acteurs.

Daniel GARRIGUE, Député non inscrit.